Direction

Depuis 2018, Angers Nantes Opéra est placé sous la direction générale d'Alain Surrans. 

En 2024, Alexandra Lacroix a été nommée directrice générale et artistiques désignée de l'établissement. Elle succèdera à Alain Surrans, qui fera valoir ses droits à la retraite à compter du 1er janvier 2026. Alexandra Lacroix occupera pleinement les fonctions de directrice générale et artistique à compter du 1er janvier 2026.



Entretien avec Alain Surrans

C’est sa dernière saison à la tête d’Angers Nantes Opéra. De nouveau, Alain Surrans présente sa programmation comme une célébration de la voix, dans sa relation à la scène, à l’acte de création, à notre société et au goût d’un public en constante évolution. 


Quelles ont été vos priorités pour concevoir cette saison en dépit des restrictions budgétaires ?

 

Alain Surrans : Malgré la baisse du nombre des représentations, nous avons voulu conserver largement ouvert l’éventail qu’est notre programmation depuis huit ans. Cette fois encore, nous survolons quatre siècles d’histoire de l’opéra, de son premier âge d’or vénitien jusqu’à 2025, avec six œuvres lyriques, dont une version de concert de la très intense Vie brève de Manuel de Falla. Les genres, eux aussi, sont très divers, du dramma per musica baroque au vidéo-opéra contemporain, en passant par l’opera seria belcantiste et l’opéra-comique volontiers bouffon de Jacques Offenbach.


Votre politique de coproduction s’élargit de façon très ambitieuse avec notamment le Festival d’Aix-en-Provence et le Théâtre des Champs-Élysées. 


A.S : Avec le Théâtre des Champs-Élysées, c’est la réputation de nos ateliers de costumes qui aura été déterminante ; pour le Robinson Crusoé d’Offenbach, nous allons en outre construire toute la scénographie. Du côté du Festival d’Aix-en-Provence, c’est plutôt un retour de flamme, si je puis dire. Nous avions coproduit, en 2014, un autre ouvrage de Francesco Cavalli, Elena, accueilli, déjà, à l’Opéra de Rennes. Cette maison sœur reste d’ailleurs, cette saison, notre partenaire essentiel. Nous coproduisons ensemble ces deux projets, Cavalli et Offenbach, mais aussi la Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti, mise en scène par Simon Delétang.


La création contemporaine est représentée par Solaris d’Othman Louati, d’après le célèbre roman de science-fiction de Stanisław Lem. Pourquoi avoir choisi d’accompagner ce projet ? 


A.S : Ce jeune compositeur, dont j’aime profondément l’univers musical, avait su entrer en résonance avec Les Ailes du désir de Wim Wenders. Cette fois, il a choisi de partir à la rencontre des compressions vidéo de Jacques Perconte, pionnier de l’art informatique, bien connu des habitués du Lieu Unique. Or, je suis persuadé que l’opéra de demain ne pourra que se nourrir de nouvelles images. Sa capacité à rebondir de siècle en siècle n’est plus à démontrer. Mais il faut que professionnels, musiciens et auditeurs participent aux formes et aux aventures contemporaines qui commencent à s’écrire aujourd’hui.


Les deux séries « Voix du Monde » et « Ça va mieux en le chantant » ne sont pas affectées par la réduction du nombre de concerts proposés cette saison. 


A.S : Ces deux séries jouent sur un paradoxe fertile : d’un côté la voix, dans notre civilisation   opératique comme dans d’autres, produit un effet de sidération, d’émerveillement extrême ; d’un autre côté, elle est l’instrument commun à tous les êtres humains, une valeur universelle : demandez à un jeune de 15 ans quel(le) est son artiste préféré(e), ce sera un chanteur ou une chanteuse dans 90 % des réponses ! Ainsi, les voix du monde, même si elles surprennent, nous renvoient à des fondamentaux : le désir, la douleur, le charme, la violence, les sentiments que nous partageons d’instinct. Et puis, dans nos soirées « Ça va mieux en le chantant » nous partons de l’opéra, avec des spectateurs qui ne sont pas forcément familiers de cet univers, pour aller jusqu’à leur en faire chanter des pages entières avec notre chœur !


Vous présentez la Cendrillon de Pauline Viardot avec le souci, bien sûr, d’en faire un objet d’action culturelle auprès de jeunes publics.


A.S : C’est d’abord pour la qualité de sa musique que nous présentons cette œuvre d’une artiste « géniale » au dire d’Hector Berlioz, une très grande dame de son temps, égale et amie de George Sand. Illustrant avec tendresse et subtilité le conte de Charles Perrault, Pauline Viardot a réussi une partition extrêmement éloquente, qui ne s’adresse d’ailleurs pas qu’aux enfants. Mais d’autres programmes, notamment dans la série « Ça va mieux en le chantant », vont nous permettre de toucher des classes d’âge différentes et des familles entières. Leurs titres parlent d’eux-mêmes : De Monteverdi au rap, Nos sorcières bien-aimées !, Les Enfants de l’Opéra. 

 

À l’issue de votre mandat à Angers Nantes Opéra, de quoi êtes-vous particulièrement fier et heureux ?


 A.S : J’ai le sentiment d’avoir parachevé l’intégration de notre maison d’opéra dans son territoire. Les opéras sur écrans ont à cet égard beaucoup contribué à changer l’image de l’art lyrique dans nos deux métropoles, et au-delà. Au terme de mes vingt et une saisons, à Rennes puis à Nantes et Angers, ma plus grande fierté reste néanmoins d’avoir pu accompagner des créateurs qui nous ont offert de magnifiques opéras : Francesco Filidei, Susumu Yoshida, Martin Matalon, Othman Louati, Jean-Marie Machado, Guillaume Hazebrouck, entre autres. Ces créations m’ont apporté les moments les plus heureux de mon parcours dans l’opéra. Et je suis heureux de vous annoncer qu’en février prochain, le Théâtre du Châtelet, à Paris, va reprendre notre production de L’Annonce faite à Marie, l’ouvrage de Philippe Leroux d’après la pièce de Paul Claudel, que nous avons créé en octobre 2022. Une reconnaissance qui vaut récompense pour toute l’équipe d’Angers Nantes Opéra.


Propos recueillis par Christophe Gervot, printemps 2025 

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Alain Surrans est directeur général d’Angers Nantes Opéra depuis janvier 2018.

C’est dans sa ville natale, Lille, qu’il a étudié la musique et l’histoire de l’art. Collaborateur de Maurice Fleuret au Festival de Lille puis au ministère de la Culture de 1980 à 1987, il a ensuite dirigé le Festival de Lille (1988), l’association Ile-de-France Opéra et Ballet (1989-1993) et la programmation de l’Auditorium et de l’Orchestre National de Lyon (1994-1998).

De retour au ministère de la Culture où il occupe les fonctions de conseiller pour la musique à la direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles (1998-2001), il a été par la suite directeur artistique des Editions Salabert et, à l’Opéra de Paris, conseiller d’Hugues Gall.

De janvier 2005 à décembre 2017, Alain Surrans a été directeur de l’Opéra de Rennes.

En 2011, il devient président de la Chambre Professionnelle des Directeurs d’Opéra (CPDO) et œuvre à son rapprochement avec le Syndicat des Orchestres (Synolyr) qui aboutit à la fusion des deux organisations patronales en une seule, Les Forces Musicales, dont il sera le premier président de 2015 à 2017.

Parallèlement à ces activités, Alain Surrans est président, depuis sa création, du Centre de Développement Chorégraphique de Château-Thierry (Aisne), mais aussi vice-président de l’Orchestre Français des Jeunes et de la Bibliothèque Musicale La Grange – Fleuret à Paris.

Dans les années 1980, il a été parallèlement journaliste et chroniqueur pour Le Nouvel Observateur et Diapason. Il a signé ensuite plusieurs ouvrages sur la musique : Jeux de Massacre (Bernard Coutaz, 1988), Le Regard du Musicien (Plume, 1993), Mauricio Kagel, parcours avec l’orchestre (L’Arche, 1993), Musiciens en voyage (Orchestre Philharmonique de Liège, 2001), L’Abécédaire de l’Orchestre (Association Française des Orchestres, 2009). Il a été le commissaire de nombreuses expositions monographiques à Paris, Lyon, Nancy, Genève et Liège, consacrées notamment à Mahler (1988, 1994), Béla Bartok (1992), Maurice Ravel (1993, 1997), Edgar Varèse (1996), Anton Webern (1998) et Alexandre Zemlinsky (2002).




                                                                                                

© Martin Argyroglo pour Angers Nantes Opéra



Alexandra Lacroix est nommée directrice générale et artistique 


Suite au jury réuni le 12 juin dernier, et sur proposition de Johanna Rolland, maire de Nantes, et Jean-Marc Verchère, maire d'Angers, Nicolas Dufetel, président d’Angers Nantes Opéra, nomme, à l’appui de la décision formulée à l’unanimité par le comité syndical réuni le 20 juin 2024 à Nantes, Alexandra Lacroix directrice générale et artistique désignée de l'établissement à compter du 1er septembre 2024. Alexandra Lacroix succédera à Alain Surrans, qui fera valoir ses droits à la retraite à compter du 1er janvier 2026. Alexandra Lacroix occupera pleinement les fonctions de directrice générale et artistique à compter du 1er janvier 2026.



Alexandra Lacroix dirige depuis 2007 la compagnie d’art lyrique MPDA. Elle mêle les champs du théâtre musical et de l’opéra et s’attache à mettre en regard les œuvres du répertoire avec nos enjeux contemporains, à l’image de sa création en 2023 autour du Carmen de Bizet, The Carmen Case, qui situe les protagonistes dans une cour d’assises autour d’un féminicide ou plus récemment en 2024 autour de L'Adorable Belboul de Massenet.


Artiste associée à l’Opéra de Limoges, elle y a notamment mis en scène La Princesse jaune et autres fantasmes (2022), Persées qui mêlent les Mélodies persanes de Saint-Saëns aux paroles de réfugiés iraniens et afghans (2021), ou encore Ravel, croisière intime d’après Jean Echenoz (2020). Elle a collaboré avec de nombreuses institutions lyriques en France et en Europe. Elle est marraine opéra du Talentlab des Théâtres de la Ville de Luxembourg et est régulièrement invitée à donner des conférences et master classes dans des institutions telles que le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, la Fondation Royaumont, la White Chapel Gallery (Londres), la Philharmonie de Paris, le Centre Georges Pompidou. En recherche de collaborations et de croisement des disciplines, elle travaille avec des artistes protéiformes, scientifiques, architectes… Membre du réseau ARVIVA - arts vivants, arts durables -, elle inscrit son action dans la prise en compte des enjeux environnementaux.


Avec l’ambition d’incarner une maison d’excellence artistique résolument connectée à notre société, elle ancre son projet dans l’histoire de l’opéra autant que dans son territoire, multipliant les approches pour aller vers un public diversifié, et s’inscrivant dans la dynamique de coopération qui anime l’écosystème culturel local.


Le projet proposé par Alexandra Lacroix pour Angers Nantes Opéra repose sur :


> Une programmation d’œuvres phares du répertoire et de création, allant de la période baroque à nos jours (Charpentier, Mozart, Gounod, Massenet, Debussy, Stravinsky, Saariaho, Soh…) pour faire résonner la beauté et l’universalité de l’opéra.


> Une programmation d’utilité sociale, privilégiant l’accès à tous les répertoires et à tous les formats, pour que cet art puissant reste inspirant pour notre temps et aiguise la curiosité de tous les publics, des plus connaisseurs aux plus novices.


> Une dynamique pour le renouvellement et la diversité du public par une offre artistique plurielle, grâce à un opéra ouvert, hors les murs et convivial, en particulier en direction des habitantes et habitants des quartiers populaires.


> L’inscription d’Angers Nantes Opéra dans un réseau européen de production et de recherche, tout en renforçant les partenariats métropolitains, régionaux et interrégionaux autour de projets artistiques et de coproductions essentielles pour l’avenir de l’opéra public en France.


> Un opéra responsable et durable, qui intègre pleinement les enjeux environnementaux et accentue sa transition écologique.



© Alexandra Lacroix par Pierre-Emile Havette

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REVUE DE PRESSE 


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Alexandra Lacroix au micro de France Musique à l'occasion de La Folle Journée de Nantes 2025


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